Cet article fait suite Ă de nombreuses questions de la part de notre entourage. Nos 2 aĂźnĂ©s ont en effet appris Ă lire cette annĂ©e. (Sâils allaient Ă lâĂ©cole, ils seraient en petite section et en grande section de maternelle.) Ils lisent couramment et passent beaucoup de temps Ă dĂ©vorer des livres ! đ€
Nous avons commencĂ© lâinstruction en famille (ou Ă©cole Ă la maison) en mars 2020, il y a un an. Nous avons coupĂ© tout lien avec lâĂ©cole de Petit-Lou qui Ă©taient alors en moyenne section de maternelle, lâobjectif Ă©tait de profiter de ce confinement pour tenter lâexpĂ©rience IEF…
Câest lĂ que je me suis penchĂ©e sur le travail de CĂ©line Alvarez. đ Cette institutrice a obtenu des rĂ©sultats absolument exceptionnels dans sa classe triple niveaux (petite, moyenne et grande section) dans une Ă©cole publique dâAubervilliers, classĂ©e ZEP. (Zone dâEducation Prioritaire)

Son livre est trĂšs intĂ©ressant, elle y explique pourquoi et comment elle a rĂ©volutionnĂ© les premiers apprentissages formels des enfants entre 3 et 6 ans, avec de nombreux exemples directement issus de son expĂ©rience au sein de sa classe dâAubervilliers. đ Quasiment tout est transposable dans le cadre de lâInstruction En Famille.
âĄïž Mais ce qui mâa le plus intĂ©ressĂ©: ce sont ses 31 vidĂ©os intitulĂ©es « Celine Alvarez, accompagnement didactique », disponibles gratuitement sur YouTube.
Voici la premiÚre des vidéos, les autres suivent sur YouTube :
đ„ Il sâagit dâune confĂ©rence filmĂ©e, dans laquelle elle forme des centaines dâinstituteurs Ă sa dĂ©marche pĂ©dagogique.
đ° Jâai passĂ© de nombreuses heures Ă tout visionner, certaines vidĂ©os mĂȘme plusieurs fois pour ĂȘtre sĂ»re dâavoir bien compris ! đ (les vidĂ©os qui concernent particuliĂšrement lâapprentissage de la lecture sont les numĂ©ros 19 Ă 25)
đ Dans ce cycle de confĂ©rences, elle explique de façon trĂšs dĂ©taillĂ©s ses mĂ©thodes et outils pĂ©dagogiques, principalement fondĂ©s sur le travail des docteurs Itard, Seguin et Montessori.
Jâai tout simplement appliquĂ© ses recommandations et imitĂ© sa dĂ©marche ! đ€ et en quelques mois, les enfants savaient lire. đ Câest beaucoup plus simple quâon ne le pense. Et pas besoin dâavoir tel ou tel Ăąge. Il faut juste que lâenfant ait une bonne Ă©locution, câest Ă dire que lâapprentissage du langage oral soit bien acquis. DĂšs lors, quel que soit lâĂąge de lâenfant, il est tout Ă fait capable dâapprendre Ă lire.
đ°question sous-sous, pas de panique ! Je nâai Ă©videmment pas pu acheter lâensemble du matĂ©riel prĂ©conisĂ© par CĂ©line Alvarez ! Ce qui mâa semblĂ© le plus pertinent, je lâai achetĂ© dâoccasion (Vinted ou Le Bon Coin) et pour le reste, jâai bidouillĂ© du fait-maison ou jâai tout simplement fait sans. Pas de frein inutile, il y a toujours une solution: Ă cĆur vaillant rien dâimpossible !

Jâai commencĂ© par montrer les lettres rugueuses (Ă©criture cursive) Ă Petit-Lou et Sassi Jolie: « ça, câest Aaaaaaa – rĂ©pĂšte aprĂšs moi: Aaaaaaaa » et lâenfant trace la lettre rugueuse en articulant bien : Aaaaaaa.

âïžAttention Ă lâappellation des consonnes ! Pour la lettte M: on dit: ça, câest Mmmm » et surtout pas « Ăšm ». On prĂ©sente uniquement le son des lettres, jamais leurs noms. (VidĂ©o numĂ©ro 22 de lâaccompagnement didactique de CĂ©line Alvarez)
Ăa peut paraĂźtre un dĂ©tail mais câest trĂšs important: quand jâai commencĂ© lâIEF, petit-Lou avait fait 2 ans dâĂ©cole maternelle et Sassie-Jolie pas du tout puisquâelle nâen avait pas encore lâĂąge. Et jâai observĂ© quâil a mis plus de temps Ă apprendre Ă lire que sa petite sĆur. En effet, jâai du tout lui « dĂ©sapprendre » !! On lui avait appris les lettres de lâalphabet Ă lâĂ©cole, mais il ne connaissait pas bien leurs sons: il mĂ©langeait tout, câĂ©tait trĂšs embrouillĂ© dans son esprit.
âïž pourquoi le O se prononce Ooooo et sâappelle O alors que le F se prononce Ffffff mais sâappelle Ăfffff ? âïž
Ainsi, jâai tout repris avec lui: pour le L par exemple: « non, ce nâest pas ĂL, câest Llllllll … » impossible pour lui de lire car il nâavait pas le bon codage ! Il voyait son prĂ©nom, le reconnaissait, mais le lisait mal, puisquâil utilisait le NOM des lettres et non leur SON ! ça nous a pris un peu de temps et dâĂ©nergie, mais on y est arrivĂ©. Aujourdâhui, quelque mois plus tard, il lit parfaitement, mais ne connaĂźt plus lâalphabet ! đ (il lâa oubliĂ©. Tant mieux câest une source de confusion, ça lâembrouillait complĂštement. Aucune importance, je lui apprendrai plus tard avec la chanson de lâalphabet, mais il nâen a pas besoin pour lâinstant. Sassie-Jolie qui nâest jamais allĂ©e Ă lâĂ©cole ne connaĂźt pas lâalphabet, et elle dĂ©vore des petits romans Ă longueur de journĂ©e! đ)
Quand quelques lettres sont bien acquises, on montre la suite: « Et tu vois, si on place le Mmmm devant le Aaaaa, ça fait: MmmmmAaaaa. Tu comprends ? Ă toi essaye » đ
Pas besoin de maĂźtriser toutes les lettres pour passer Ă cette Ă©tape. En effet câest trĂšs motivant pour lâenfant de voir la logique de la lecture: il comprend trĂšs rapidement quâen plaçant les lettres les unes Ă cĂŽtĂ© des autres, on peut dĂ©jĂ lire des mots ! đ€©
« SAC – BUS – DĂ – PAPA – VĂLO » đ„ł quelle joie de savoir lire !!
Lâenfant a alors encore plus envie de connaĂźtre toutes les lettres, on insiste donc bien sur lâapprentissage de toutes les lettres rugueuses, jusquâĂ ce quâelle soient toutes bien apprises. Câest trĂšs rĂ©pĂ©titif: on trace la lettre en disant le SON quâelle fait, et lâenfant imite. Autant de fois que nĂ©cessaire. Câest un peu barbant mais on apprend la persĂ©vĂ©rance, parent comme enfant ! đ

Une fois toutes les lettres de lâalphabet bien acquises (toujours leur son, jamais leur nom) on a fait des petits jeux:
La dictée pour pour maman:
On choisit un mot, et les enfants essayent de deviner comment il sâĂ©crit. Et je lâĂ©cris devant eux, bien lisiblement, en Ă©criture cursive. Par exemple: « robe ». đ on choisit exprĂšs des mots simples, 4 lettres maximum.
« Les enfants, on va Ă©crire le mot ROBE. Alors, quâentend-on comme son dans RrrrOoooooBbbbbEeee ? » (on exagĂšre chaque sonoritĂ© pour les aider Ă bien tout entendre)
Ils rĂ©flĂ©chissent, prononcent plein de fois le mot ROBE, me donnent leurs idĂ©es pour lâĂ©crire. Je mâexĂ©cute, on regarde ensemble si les lettres quâils me dictent forment le bon mot … bref on joue ensemble autour des mots. đ On recommence avec dâautres mots simples du quotidien.
Les étiquettes à coller:
JâĂ©cris des mots sur des petits morceaux de papier, ils doivent les dĂ©chiffrer puis trouver lâobjet pour scotcher le papier dessus.
Par exemple, je repĂšre autour de moi des objets et jâĂ©cris sur des petits papiers les mots « mur »; « sac »; « jupe »; « table »; « livre » etc. đ Ils prennent chacun un papier, dĂ©chiffrent le mot et Ă lâaide du scotch, accrochent le papier sur lâobjet concernĂ©. (đ On se retrouve avec des bouts de papiers scotchĂ©s partout dans la piĂšce !)
đ jâai aussi fait une variante qui se transforme en chasse au trĂ©sor, ils doivent piocher un petit papier et courir dans la maison pour aller me chercher lâobjet lu: « tasse »; « bocal »; « verre » … ça court partout et ça rigole, des bouts de papiers volent … la vie est belle đ.
Puis on complexifie en introduisant les digrammes, puis les trigrammes :

On a alors refait les mĂȘmes jeux, mais en utilisant des mots plus complexes. Par exemple, le jeu de la chasse au trĂ©sor avec les mots « fourchette »; « coussin »; « pantalon »; « savon » etc.
đ Ils courent partout dans la maison pour aller chercher chaque objet dĂ©chiffrĂ© sur chaque papier. Quelle fiertĂ© dans leurs yeux quand ils me tendent une fourchette pour me montrer quâils ont lu correctement ! đŽ Jâai profondĂ©ment partagĂ© leur joie sincĂšre tout au long de cet apprentissage. CâĂ©tait beau !! đ
Si besoin, on fait marche arriĂšre, on revient aux lettres rugueuses si quelques lettres sont encore difficiles. Le p et le q sont souvent confondus par exemple. Le b et le d aussi. Câest normal, alors on rĂ©pĂšte inlassablement, et on trouve des astuces …
« Regarde, le b Ă un bbbbbidon. đ€°đ» (Je dessine des yeux en haut de la lettre b de façon Ă ce que ma boule ressemble Ă un ventre.) et regarde, le d Ă un derriĂšre ! (Idem, de façon Ă ce que la boule ressemble Ă des fesses). Attention, on prononce « b » tout court, et non « bĂ© ». On prononce « d » tout court et non « dĂ© ».
â On improvise, on essaye des choses, on sâadapte aux difficultĂ©s de chaque enfant et on trouve des solutions. Rien de bien compliquĂ©, il faut juste faire preuve dâun peu dâinventivitĂ©.

On leur explique quelques rĂšgles de base: « tu vois, quand il est devant un E ou un I, le C se prononce Sssss … oui câest bizarre mais câest comme ça. Tu retiens ? Dis le avec moi: et on rĂ©pĂšte cette petite phrase. (prononcer « QUE » pour le C)
Et vient alors le temps des premiĂšres phrases, des premiers livres. đ„ł
Une voisine nous a gentiment donnĂ© un lot de magazines « Popi ». A 3 ans et demi et 5 ans, ils Ă©taient trop grands pour ces histoires, qui font un peu bĂ©bĂ©. Mais câest parfait pour commencer la lecture !
Alors on a dĂ©vorĂ© du Popi. đ
On a dĂ©chiffrĂ© ensemble, puis ils ont lu seuls mais avec moi Ă cĂŽtĂ©, puis tout seul. TOUT SEUL !! La fiertĂ© dans leur regard nâa pas de prix đ€©.

Quand ils ont lu et relu des dizaines de fois les mĂȘmes histoires, je leur ai proposĂ© des livres plus complexes. Ils ont ensuite lu leurs premiĂšres « longues histoires » avec le magazine Jâaime Lire. (Lot trouvĂ© dâoccasion sur Vinted) et puis idem, ils lisent et relisent les mĂȘmes histoires, et mâen rĂ©clament dâautres .. alors ils commencent aujourdâhui leurs premiers livres de la bibliothĂšque rose.


Jojo Lapin đ°est particuliĂšrement apprĂ©ciĂ©: il est trĂšs malin et joue des tours au maĂźtre Renard ..! Ăa amuse beaucoup les enfants. Il y a pas mal dâimages, mais pas Ă chaque page. đ les enfants sont trĂšs fiers de lire des livres « de grands » ! (Ils voient bien quâil nây a pas dâimage dans nos livres đ )

Impossible de lister ici toutes les Ă©tapes et lâensemble des outils utilisĂ©s, mais vous avez dĂ©jĂ une petite idĂ©e de la façon dont on a procĂ©dĂ©. Je recommande chaudement de visionner les vidĂ©os YouTube « CĂ©line Alvarez, accompagnement didactique », tout y est clairement expliquĂ©. đ

Il nây a pas de miracle: ils nâont certainement pas appris Ă lire « tout seuls » comme certains adultes aiment Ă lâimaginer ! Câest un apprentissage exigeant, et tellement beau ! đ
Cette exigence vaut aussi pour les parents: soyons de bons exemples pour nos enfants ! đ en leur prĂ©sence, on Ă©teint les Ă©crans, on range son tĂ©lĂ©phone, et on sort un bon bouquin.
đ pas de tĂ©lĂ© chez nous, et on fait de vrais efforts concernant lâutilisation de nos smartphones devant nos enfants. Il nây a pas de mystĂšre: si on enfant nous voit aimer la lecture, il y a toutes les chances pour que ça lâintĂ©resse !


13 rĂ©ponses sur « đ comment nos enfants ont appris Ă lire en maternelle (dĂšs 3 ans) »
BRAVO POUR CE MAGNIFIQUE ARTICLE
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Merci Marine !!
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Bravo Léo!!!
Ton Ă©nergie mâimpressionnera toujours !!!
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Haha ! Merci Laure … đ
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Ma cadette est en moyenne section et a appris a lire en cours d’annĂ©e. Elle maitrise bien la sĂ©rie rose et les sons simples. Comme j’ai peur qu’elle s’ennuie en classe si elle prend trop d’avance sur le programme, je n’ose pas lui expliquer les sons tels que ou, ou, en… pour le moment.
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Je trouve ça génial ! Bravo!
PS: j’ai retirĂ© mon masque ce soir đ
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đđ libĂ©ration !!
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Je trouve ça génial ! Bravo !
PS: j’ai retirĂ© mon masque ce soir đ
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Bravo LĂ©o ! J’adore ton article !
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Merci
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Super article merci ! ici on apprĂ©cie apili pour l’entrĂ©e dans la lecture de façon humoristique
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J’adooore ta maniĂšre d’Ă©crire, tes idĂ©es et tout ce que tu partages qui rĂ©sonne fort en terme de psychomot et de bons sens Ă©ducatifs đ
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đđđ
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